Alors que se multiplient inexorablement les data-centers de par le monde, et encore plus aux USA, les entreprises de la tech se rendent rapidement à l’évidence : peu de sources d’énergie permettent d’alimenter ces monstres boulimiques d’énergie rapidement et facilement, sans pour autant faire exploser la facture carbone. À part planter des centaines voire milliers d’éoliennes, ou des champs de panneaux solaires à perte de vue (et les batteries qui vont bien pour alimenter les serveurs la nuit), il n’y a que l’énergie nucléaire pour fournir plusieurs MegaWatts sans sourciller.
Il y a déjà un peu plus d’un an, Microsoft annonçait un partenariat avec Constellation Energy pour redémarrer le réacteur n°1 de Three Mile Island, centrale bien connue pour avoir manqué de peu la médaille de première catastrophe nucléaire d’ampleur avant Tchernobyl : le réacteur n°2 a en effet subi une fusion partielle du cœur, suite à des erreurs de manipulation sur le circuit de refroidissement. D’une puissance de 819 MWe (MegaWatts électriques), le réacteur TMI-1 devrait être remis en service d’ici 2028, pour alimenter les serveurs dédiés à l’intelligence artificielle de Microsoft.
L’énergie nucléaire privilégiée par plusieurs acteurs de l’IA
Si cette remise en route d’un vieux réacteur (TMI-1 a quand même 50 ans) peut paraître surprenante, c’est pourtant un choix assez logique : la centrale a certes un demi-siècle, mais les éléments ont été contrôlés et remis à jour de manière régulière pour la maintenir aux normes, et ce jusqu’en 2019, date à laquelle le réacteur a été fermé, faute de rentabilité. Avec seulement 5 ans de différence entre la date de fermeture et celle de décision de réouverture, et 9 ans entre la fermeture et le redémarrage, la remise à niveau ne devrait pas être trop coûteuse.

L’idée est si bonne qu’elle fait des émules : c’est Google qui a décidé de s’engouffrer dans la brèche ouverte par Microsoft, en annonçant un partenariat avec NextEra Energy pour rouvrir la centrale de Duane Arnold Energy Center. Celle-ci possède un réacteur de 615 MWe, et comme TMI-1, a été fermée 5 ans avant la décision de réouverture, en 2020. Autre point commun, les fondations du réacteur datent elles aussi d’il y a 50 ans, ayant été démarré pour la première fois en 1975.
Google a signé un partenariat de 25 ans pour l’approvisionnement en énergie de son data-center de l’Iowa. Comme l’annonce l’entreprise, c’était après études la façon la plus rapide de trouver l’énergie nécessaire à l’alimentation de ses serveurs, toutes énergies confondues.
Si l’idée de redémarrer un réacteur récemment arrêté peut paraître intéressante (et l’est souvent, que ce soit au niveau économique comme écologique : il est bien moins coûteux en CO2 de redémarrer une infrastructure existante que d’en construire une nouvelle, toute peur de l’atome mise de côté), ce n’est pas quelque chose qui pourra se multiplier à l’infini. Sur les huit réacteurs fermés depuis moins de 10 ans, et donc encore dans un état raisonnable, trois sont déjà pris (TMI-1, Duane Arnold, et Palisades, ce dernier redémarré par l’État du Michigan lui-même pour alimenter les citoyens). Il en reste donc une toute petite poignée de disponibles, sous réserve que leur installation soit en état. Ensuite, il faudra trouver d’autres solutions...











